Test : The LAST GUARDIAN

Test : The LAST GUARDIAN

2017-02-16 0 Par AL-X5

The Last Guardian, jeu d’aventure développé par SCE Japan Studio (Team Ico) et édité par Sony Computer Entertainment (exclusivité PS4).

Le concepteur de The Last Guardian n’est autre que Fumito Ueda. Directeur de projet et game designer d’Ico (2001) et de Shadow of the Colossus (2005). Esprit créatif et brillant, touche-à-tout, diplômé des Beaux-Arts d’Osaka, et animateur 3D autodidacte.

The Last Guardian nous captive dès les premiers instants avec son atmosphère envoûtante, cette voix off si juste, si parfaite, et cette première scène qui nous injecte directement au cœur du jeu.

Malheureusement, tout n’est pas rose en ce bas monde… Et si le cœur dit oui ! Un grand OUI même, véritable cri d’amour à l’encontre de Trico, pour les émotions qu’il fait naître en nous. La raison, elle, nous rappelle à l’ordre, avec quelques défauts qui viennent tout de même gâcher cette expérience pourtant si unique. La frustration n’en est que plus grande, car les premiers instants sont un véritable enchantement

– RÉALISATION

Le jeu est beau, avec une direction artistique singulière, les fans d’Ico et de Shadow of the Colossus s’y retrouveront immédiatement. Les textures sont réussies, bien que trop floues de près. Défaut finalement classique, et presque inhérent à la plupart des productions.

Les intérieurs offrent un rendu visuel très correct, avec des éclairages et des reflets crédibles. Des papillons turquoises et des particules lumineuses viennent égayer l’austérité de la pierre, prépondérante dans les décors. Les grands espaces extérieurs, eux, nous plongent dans un vide brumeux presque sidéral. Trahissant une distance d’affichage finalement assez limitée. Techniquement, le jeu accuse donc un peu le coup. Sans doute les séquelles d’un long développement, initialement prévu sur PS3. D’où cette sensation, peut-être, de remastered HD « de luxe », avec des ombres qui vibrent et une lumière très (trop ?) vive qui contraste fortement le tout, surtout au niveau des brins d’herbe.

Les bruitages sont excellents, les musiques aussi, avec une mention spéciale pour le thème final qui vous nouera l’estomac.

Les animations sont fluides, très agréables à regarder. Les attitudes et réactions de Trico sont fascinantes, bluffantes de réalisme : Il observe, curieux de toute chose. Tantôt fatigué, tantôt agressif ou effrayé. Il faut le voir se rouler dans l’eau ou humer l’air ambiant. Et c’est là, la grande force du titre : Trico. Votre cœur battra pour lui, et vous passerez quelques heures inoubliables en sa compagnie.

– GAMEPLAY

Autant le dire tout de suite, le gameplay est un peu trop simpliste. Au niveau des actions à proprement parler : On peut sauter, grimper, faire des roulades, tirer ou pousser des objets. Et c’est à peu près tout. À certains moments, on aura en notre possession une sorte de miroir que l’on pourra orienter vers une cible. Trico se chargera alors d’anéantir cette dernière. Concernant l’interaction avec le majestueux animal : On peut l’appeler, lui indiquer une direction à suivre, le caresser, le nourrir, et lui extirper les lances logées dans le corps lors des combats. Autant dire que ce sera aussi douloureux pour nous que pour lui, tant on est pris d’affection et d’empathie à son égard. Si ces interactions sont les bienvenues, il faudra souvent s’y reprendre à plusieurs reprises avant que Trico n’obéisse. On ne sait pas s’il s’agit d’une programmation trop ardue concernant la gestion du comportement de l’animal, ou si c’est un choix délibéré et volontaire en matière de réalisme. Certains apprécieront, d’autres s’en agaceront.

Des combats donc, contre des statues sentinelles, de taille humaine. Ces dernières n’ont qu’une obsession : Capturer l’enfant et empaler Trico. Combats qui ne concernent finalement que Trico, puisque nous n’avons pas de moyens de défense à proprement parler. si ce n’est de nous agripper dans le dos de l’ennemi pour le freiner, ou d’exécuter une roulade qui le sonnera un court instant.

Lorsqu’une sentinelle nous enlève, on doit s’en libérer le plus rapidement possible en martelant toutes les touches de la manette. On comprend bien l’analogie entre cette manipulation et le fait de se débattre, mais l’action est confuse, votre pad prend cher, et ça manque clairement de finesse. Fumito Ueda nous avait habitué à mieux par le passé. Pour peu qu’on se fasse « serrer » un peu trop souvent, et l’agacement se fera vite sentir.

Pouvoir saisir la lance de l’ennemi que l’on vient de faire tituber, aurait été une bonne idée. Histoire d’enrichir ce gameplay somme toute assez basique, et surtout de venir épauler notre cher ami, qui lui, déguste pour le coup. En effet, Trico est souvent malmené, et nous aussi par la même occasion… Satanée empathie, couplée à cette sensation d’impuissance. C’est à croire que Ueda prend un malin plaisir à faire souffrir tout le monde, surtout vers la fin.

– LEVEL DESIGN

Le level design est bien pensé, mais définitivement fermé… Malgré la démesure de cette citadelle, qui laisserait rêveuse une certaine Lara Croft. Citadelle qui semble spécialement bâtie pour Trico et ceux de son espèce, tant elle est adaptée à son imposant gabarit. Mais elle s’avère être finalement assez restreinte dans sa grandeur, bien qu’on s’y sente minuscule, nous, petit garçon que nous sommes. Au bout du compte, on ne traverse pas énormément de lieux, et les environnements sont un peu redondants. Explorer une grande grotte (même s’il y en a), une sorte de « terre creuse », une forêt luxuriante, ou des jardins suspendus, bref : un monde dans le monde, aurait pu être un choix judicieux afin de casser la monotonie.

Pour observer les lieux, on a droit à cette caméra tant décriée, effectivement un peu capricieuse, qui a tendance à coincer. Mais finalement pas si gênante que cela, et on s’en accommode. Au passage, une vue subjective « d’observation » n’aurait pas été de trop, surtout pour scruter les hauteurs.

Notre périple sera ponctué de quelques énigmes, mais très basiques elles aussi. On se contente d’accéder au prochain levier qui ouvrira cette grande grille qui bloque le passage. Ou d’atteindre ces vitraux en forme d’œil qui effraient Trico, dans le but de les briser. Notons aussi d’incessantes indications contextuelles qui s’affichent à l’écran à chaque action à entreprendre. Et ce, jusqu’à la fin du jeu. Effet didacticiel insupportable à la longue, qui nous ampute le peu de réflexion qu’on était en droit d’attendre.

– CONCLUSION

Une aventure avec quelques séquences mémorables. Bien que la magie des premiers instants laisse place à un lent cheminement, presque ennuyeux au bout de quelques heures. Et ce, malgré une durée de vie relativement courte. On se contente un peu d’avancer, de chercher son chemin. On en éprouve même parfois, une étrange sensation de claustrophobie, d’impatience intérieure, d’envie d’en finir, de sortir de cet immense endroit.

The Last Guardian reste une expérience magique, unique, que tout fan de l’univers « Ico / Colossus » se doit de vivre, sans quoi son être demeurera à jamais incomplet. On a vraiment l’impression d’être le héros d’un Disney ou d’un Ghibli. Et c’est le cœur serré que vous sortirez de cette aventure, au dénouement quelque peu douloureux. Mais plein d’amour et de reconnaissance envers Trico, ce meilleur ami qu’on voudrait pour la vie.

Ce nom à tout jamais gravé dans nos mémoires… Trico