Test : Outlast II

Test : Outlast II

2017-05-08 0 Par AL-X5

Outlast II est un survival horror en vue subjective, développé et édité par Red Barrels (version « boîte », Trinity, éditée par Warner Bros Games) et sorti en avril 2017 sur PS4, XOne, PC.

– Au moment de publier ce test nous apprenons q’un patch viendra rééquilibrer la difficulté du jeu. Le microphone ne devrait plus drainer de batterie, plusieurs optimisations seront apportées en termes d’effets sonores, de gameplay, comme les collisions ou le fait de ramper etc. –

Outlast premier du nom nous avait enchanté. Il avait d’ailleurs reçu un accueil sans pareil dans la communauté survival horror, au point d’en devenir totalement culte pour beau nombre de joueurs. Malgré certaines petites limitations dans ses mécaniques de gameplay, tolérance et respect s’imposaient d’eux-mêmes face à cette volonté de ne nous délivrer un tel plaisir de jeu. Une expérience viscérale, brutale, mais jouissive. Qui malmenait le joueur de bout en bout, au point de le rendre masochiste, et d’en redemander.

S’il n’est pas question ici de s’adonner à un comparatif en bonne et due forme des deux opus, nous nous devons de rappeler ce qui fonctionnait à merveille auparavant, pour être abandonné dans cette suite. Si la notion d’abandon est un peu forte, l’essence d’Outlast, elle, n’est plus la même. De plus, là où nous étions en droit d’attendre une légère évolution dans ses mécaniques, Outlast II s’empêtre dans des nouveautés futiles, voire même agaçantes. En résulte une expérience aux sensations bien différentes, entre frustration et exaspération. La saveur Outlast II nous laisse comme un arrière-goût de sang dans la bouche. Nous connaissons tous cette fameuse maxime : « Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse »… Et bien ici le flacon a beau être magnifique, certains se réveilleront avec une vieille gueule de bois.

• RÉALISATION

Si le premier Outlast était déjà une réussite en terme de réalisation, avec des graphismes plus qu’honnêtes. Ici, tout a été revu à la hausse, le jeu est très beau. Les textures sont fines, et les matières très bien retranscrites. La réverbération de la lumière est parfaitement gérée, avec des reflets réalistes flattant la rétine. La physique de l’eau et du vent n’est pas en reste, une vraie réussite. Le sound design, de folie, vous immergera totalement dans cet antre de la psychose. Une fois n’est pas coutume, les bruitages sont absolument divins. Le bruit de vos pas dans les graviers, le vent agitant les branches, ou le son émit par votre caméscope… Tout ces sons donnent lieu à une immersion sensorielle unique et croustillante. Un pur délice… Seule la spatialisation des voix est complètement à la ramasse, avec cette impression d’avoir un ennemi juste à côté de soi, alors qu’il se trouve dix mètres plus loin.

Notons aussi une VF intégrale, perfectible mais de qualité. VF jusque dans les notes qu’il faudra ramasser un peu partout. ces dernières sont rédigées dans une typographie manuscrite agréable. Même en zoomant dessus, le texte ne pixellise pas, les phrases restent parfaitement lisibles. Détail assez sympa et rare, pour être souligné.

Outlast II se pare donc d’une réalisation solide à tout niveau. Rien à redire.

• GAMEPLAY

Si le gameplay reste inchangé, on n’aborde plus une situation de la même manière. On était peut-être en droit d’espérer une petite évolution dans l’aspect « discrétion » du titre, mais ici on se fait repérer encore plus facilement. Précédemment, on gérait quelque peu la situation en progressant accroupi. Maintenant on subit pleinement les aléas des scripts et autres approximations. Beau nombre d’ennemis sont désormais équipés de lampes torches et vous repèrent assez facilement. Ajoutez à cela des cachettes moins évidentes, avec des barils souvent remplis d’eau, d’où la nécessité de reprendre son souffle. Des caisses en bois ou des malles, en plus, n’auraient pas été de refus.

Outrancier dans sa mécanique Die & retry, au point d’en devenir indigeste. Le jeu ne se lasse jamais de nous frustrer, et ce, dès le tout premier ennemi rencontré. Une némésis viendra souvent nous harceler, pour finalement nous gâcher un plaisir que l’on prenait pour acquis. À la longue, on en viendra même à courir bêtement dans tous les sens, histoire de localiser l’issue d’une zone, avant de se laisser volontairement mourir. Ce qui nous permettra de retenter le coup après repérage, plutôt que de multiplier de vaines tentatives consciencieuses et appliquées. Un comble… Deux mots au sujet de la peur : Outlast II est bien moins flippant que le premier épisode. Moins gore et dérangeant, alors que tout le monde évoque l’aspect « torture porn » et une frousse sans pareil. Mais bon passons…

Au rayon des nouveautés, tout au long du jeu il s’agira de collecter des bandages afin de panser ses plaies. Si dans le fond l’idée a du sens, dans les faits, c’est exaspérant. Lorsqu’on se prend un coup, une fois blessé, on ne court plus, on presse le pas. Du coup on se prend une multitude de coups dans le dos, tout en se traînant la patte, et ce, dans une vaine tentative de fuir. Se bander une plaie reviendrait à signer son propre arrêt de mort, puisque notre héros s’arrête le temps d’exécuter cette tâche. C’est un cercle vicieux, c’est mal pensé, et on en frôle parfois la crise de nerfs. Sachant qu’à chaque coup reçu, toujours plus de taches de sang viennent masquer l’écran. Un vrai calvaire. Il s’agira donc de survivre aux coups, le temps de trouver une issue vers la prochaine zone. Là où les ennemis ne nous suivront pas, histoire de se soigner. Une fois n’est pas coutume, se laisser mourir nous permettra d’économiser un bandage (et une pile, puisque la batterie sera de nouveau pleine), afin de retenter l’exploit de manière un peu plus « propre ».

La détection sonore du caméscope est quasiment inutile. Les interférences de ce dernier se traduisent à l’écran par un effet vibrant trop prononcé et trop fréquent. Désagréable au possible, on en frôlerait presque la crise dépilepsie en jouant dans le noir complet. Les scènes à filmer dans le premier opus, s’effectuaient instantanément, caméscope à la main, avec ce fameux bruit de griffonnage. Ici, il faut filmer un laps temps imposé, à savoir une bonne dizaine de secondes. C’est inutilement long et ennuyeux. Nous avons aussi la possibilité de ramper et de nous relever d’un coup en appuyant sur la touche « saut ». Touche « saut » non fonctionnelle à l’état accroupi, du coup on s’emmêlera souvent les pinceaux.

Là où le premier Outlast était carré, stricte et bien pensé dans ses mécaniques, ici le ressenti se veut dirigiste, bancal et hasardeux. On ne sait jamais vraiment comment appréhender une situation. Petite frustration aussi de ne pas pouvoir grimper sur la plupart des éléments à notre hauteur, comme des ballots de paille et autres petits rochers. Sans compter les portes et les fenêtres qu’on ne peut pas ouvrir, bien qu’elles ne soient pas barricadées. Les ennemis qui nous détectent trop facilement et certains scripts viennent eux aussi gâcher les parties de cache-cache… La frustration finira immanquablement par poindre le bout de son groin purulent.

• LEVEL DESIGN

Si le level design donne l’impression d’être ouvert, il est en fait aussi cloisonné que le premier épisode. Ce n’est pas un mal en soi, car on s’y perdrait à coup sûr. Ce serait là, le coup de grâce assuré pour nous, pauvres joueurs (priez pour nous). Le cheminement semble même ici plus »couloir », plus linéaire, une véritable fuite en avant. Là où le premier Outlast nous faisait revenir sur nos pas ou revisiter certains lieux. Cela dit, les environnements sont variés, très réussis, nous délivrant une constante envie d’avancer. C’est d’ailleurs, sans aucun doute, l’atout majeur de cet Outlast II. La curiosité nous poussera toujours plus à découvrir ce que le jeu nous réserve. On traversera champs, baraques, rochers et mines avant de se retrouver de l’eau jusqu’à la taille ou dans une dimension parallèle. Sans rien dévoiler, sachez que de nombreux passages s’effectueront en intérieur.

On regrettera aussi l’usage abusif du noir complet : Trop de noir tue le noir. Quelques flambeaux ou lampes à huile supplémentaires venant éclairer notre chemin (de croix) nous auraient permis d’apprécier un peu plus la « beauté » de certains lieux. Du coup, on passera tout de même énormément de temps le caméscope à la main. Le dernier quart du jeu alterne allègrement entre deux mondes parallèles, avant de nous plonger la tête sous l’eau (façon de parler), dans des mines à l’abandon. Ambiance The Descent garantie, claustrophobes s’abstenir, le Die & retry en devient ici asphyxiant. Dommage, car le level design est tout de même très réussi. Si le jeu n’est pas réellement flippant, il se rattrape un peu dans ce dernier tronçon, et vous ne manquerez pas de frissonner et de prendre vos jambes à votre cou.

• CONCLUSION

Avec son ambiance cinématographique très réussie, à mi-chemin entre La Maison des 1000 morts, Jeepers Creepers ou Massacre à la tronçonneuse. Outlast II nous immerge une fois de plus, à merveille, dans son univers cradingue et nauséabond.

Malheureusement trop éloigné du premier Outlast, dans sa structure, ses mécaniques, et même son scénario. S’il y a un lien scénaristique (bien maigre) entre les deux épisodes, il faudra prendre soin de lire toutes les notes pour reconstituer le puzzle d’une histoire amalgamée d’un peu tout et n’importe quoi. Exercice finalement fastidieux, surtout lorsqu’on a les nerfs en pelote à force de mourir, mourir, et toujours mourir… Beaucoup trop Die & retry donc, au point d’en devenir écœurant. Outlast II en perd même son côté flippant, l’agacement prenant finalement le dessus. Si vous êtes d’une nature calme et persévérante, vous pourriez sans doute y prendre beaucoup de plaisir. Pour les autres, courage, le jeu se finit en moins de dix heures (mais à force de recommencer beau nombre de scènes trois fois), et pour un dénouement expéditif qui nous laisse sur notre faim. Dommage, car avec une réalisation aussi soignée, si le studio Red Barrels nous avait injecté une dose d’infiltration dans le gameplay, Outlast II aurait vraiment pu s’asseoir sur le trône du survival horror roi.

• Retouvez ici notre test d’Outlast premier du nom, et de son extension : 

Test : OUTLAST + extension « The Whistleblower »