Test : Mass Effect Andromeda

Test : Mass Effect Andromeda

2017-04-22 0 Par AL-X5

Mass Effect Andromeda, jeu d’aventure « action RPG » en vue TPS, développé par Bioware Montréal et édité par Electronic Arts. Le jeu est sorti en mars 2017 sur PS4, XOne et PC – Testé sur PS4, solo uniquement –

Exercice délicat de s’attaquer à une telle pièce que Mass Effect Andromeda. Le jeu est tellement riche… Il y a beaucoup de choses à voir et à en dire. Certains crieront ici au sacrilège, mais on ne peut s’empêcher d’y voir une certaine analogie avec The Witcher 3. Même si ME Andromeda est loin d’en avoir les qualités narratives, les deux titres peuvent prétendre au rang d’action RPG « Big Aventure » (franglais, oui), avec une durée de vie colossale. En se parant de combats nerveux et fluides, d’innombrables dialogues et quêtes secondaires. Mais aussi d’un background RPG assez dense, avec un certain temps à naviguer dans les menus : Se repérer sur la carte, s’octroyer des points de compétences, gérer inventaire et ressources, optimiser armes et armures etc… Là où le Sorceleur incruste une rune sur le manche de sa lame, notre pionnier galactique connecte un mod sur la culasse de son blaster.

Mais ne nous égarons pas, venons-en aux faits… Et partons à la découverte de cette fameuse galaxie d’Andromède.

I. RÉALISATION

Autant attaquer par les sujets qui fâchent… Concernant les expressions faciales et la synchronisation labiale : Oui, ME Andromeda est un peu décevant. Sans être une véritable catastrophe, les personnages donnent parfois l’impression de mâcher bêtement la bouche ouverte, en plus de paraître inexpressifs. Il arrive aussi que les animations, durant les dialogues, aient une légère tendance à saccader. Ce qui donne un effet un peu « pantin / automate » aux protagonistes. Notons que ces défauts sont inconstants, et aléatoirement prononcés, le rendu reste globalement « passable ». Concernant la modélisation des personnages, si les membres de l’équipage sont réussis, certains PNJ secondaires paraissent bien moins soignés. Avec une faiblesse technique dans le traitement des cheveux, ou encore des Asaris à la morphologie faciale systématiquement identique, dommage… trois ou quatre modèles 3D différents auraient été appréciables. Même si on était en droit d’en attendre plus de la part de Bioware, ce n’est pas ce qui viendra nous gâcher l’expérience.

Autre point fâcheux : Les bugs. Ils sont assez rares au niveau des éléments 3D, avec quelques personnages fusionnant dans le décor ou défiant les lois de la gravité. En revanche, il est assez courant que le jeu rame. Notamment lors des sorties en véhicule terrestre, le Nomad, où l’affichage de certains éléments (végétation) a tendance à peiner et se veut progressif. En fonçant pied au plancher avec le Nomad par exemple, il arrive que l’action « freeze » avant de repartir. C’est tellement fréquent qu’on en viendrait presque à s’inquiéter de la santé hardware de la console. Heureusement que ces « freeze » ne surviennent pas lors des combats.

Concernant les graphismes, le jeu se montre très souvent magnifique. Si certaines planètes peuvent paraître un peu vides, elles sont souvent justifiées par leurs conditions atmosphériques et topographiques, en plus d’être relativement inhabitées. De même, si la station Nexus peut sembler aseptisée, les mesures sanitaires viennent y crédibiliser la chose. Parallèlement, le titre nous offre des panoramas renversants, des bases ennemies et des caveaux très réussis, bien que répétitifs. Une direction artistique de haute volée avec un design général très inspiré. Le fait d’observer le vaisseau Tempest amarré au loin est saisissant, de même qu’on ne peut rester insensible face au Nomad, avec son imposant gabarit et ses méga-roues motrices : Tout le monde voudrait un Nomad. Sans oublier le design des armes et combinaisons de combat, avec des casques et des plastrons originaux, très travaillés. Au point de ne pas forcément s’équiper du plus performant par simple souci d’esthétisme.

Les animations quant à elles sont fluides et superbement exécutées. Excepté lors des dialogues comme nous l’avons vu, où des saccades viennent « hacher » le réalisme. Seul petit bémol : Ryder, en tenue de civil, se penche beaucoup trop en courant. Au point de nous rappeler un certain Gabe Logan dans Syphon Filter. Mais globalement, et surtout en combinaison de combat, le travail des animateurs de Bioware est remarquable.

Dans l’ensemble les textures sont fines et nettes, bien plus que dans la plupart des productions actuelles. À de rares occasions on apercevra un logo qui pixellise, un peu crénelé, ou encore certaines textures légèrement floues. Mais le rendu des textiles et matières, par exemple, est somptueux. On identifie parfaitement cuir, tissu, acier, roche, fibre de carbone et autres matériaux. De même, certaines surfaces de sas automatiques (parfois très longs à s’ouvrir), ou au sol, sont bluffantes de réalisme. Avec des rayures et autres petites imperfections d’usure, se dévoilant en fonction de l’éclairage. Seule l’eau dénote du reste, avec un rendu PS3 / 360.

Un mot concernant l’aspect audio du titre : Les musiques discrètes sont toujours dans le ton, certains morceaux electro sont vraiment sympas. Les bruitages sont très réussis, très « punchy » lors des échauffourées, avec des détonations d’armes percutantes. Concernant la VF et les dialogues, c’est inégal et aléatoire… Certains comédiens ratent complètement leur prestation, en plus d’avoir un organe totalement inadapté au personnage qu’ils incarnent. Mais une fois n’est pas coutume, c’est surtout valable pour les personnages secondaires, l’ensemble de l’équipage faisant l’objet d’un soin tout particulier.

II. GAMEPLAY

Là encore, évoquons rapidement les petites déceptions propres au gameplay. Il n’y a pas de réel système de couverture, Ryder se met automatiquement à couvert derrière un abri, et c’est bien dommage… Un petit slide nous plaquant contre une paroi, d’une simple pression de touche, aurait été un vrai délice. C’est d’autant plus regrettable que c’était déjà le cas avec un système auto dans le tout premier Mass Effect, abandonné par la suite pour un véritable système de couverture, permettant même de contourner l’abri tout en y restant plaqué. La possibilité de se déplacer accroupi a elle aussi disparu, ce qui aurait été pratique dans l’éventualité d’une approche discrète. Option elle aussi inexistante, puisqu’il s’agira de faire parler la poudre (ou le plasma). Heureusement, ici réside le point fort de ME Andromeda : Les combats.

En effet, les affrontements sont totalement jouissifs. Ultra dynamiques, voire même survoltés pour peu que vous montiez au créneau. Le gameplay délivre toute sa substance lorsque vous vous jetez dans la mêlée. Avec un très bon feeling des armes, une cadence infernale pour certaines (Piranha mon amour), des détonations crédibles, qui résonnent fortement dans certains espaces fermés. Un système d’esquive très complet, avec un dash vif comme l’éclair, se combinant à merveille avec le saut « augmenté », le vol stationnaire ou un corps à corps agressif à souhait. Là où les combats des anciens Mass Effect faisaient tout de même office de TPS très classique, ici, Andromeda nous délivre ce qui se fait de mieux. Si au début on peine un peu à adopter les bons réflexes, par la suite, on en devient tout puissant : Une véritable machine de guerre, véloce et dévastatrice. Un vrai bonheur… Ryder répondant sur le champ à la moindre sollicitation offensive. Notons tout de même un laps de temps nécessaire au changement d’arme un poil trop long.

Restons dans la souplesse, avec une conduite agréable et fluide pour le Nomad. Un système de saut et de turbo, permet d’aller un peu partout tant qu’il ne s’agit pas d’une falaise trop abrupte. La possibilité nous est donnée d’en améliorer certaines performances, d’en changer la couleur, de déployer une sonde extractrice de minéraux etc…

Concernant la navigation sur la map interstellaire, on explore avec aisance et rapidité les différents systèmes solaires. Scrutant anomalies, météores, épaves et autres satellites, à la recherche de ressources ou de missions secondaires. Il y manque tout de même un soupçon d’immersion. Apercevoir le nez du Tempest lors des déplacements entre planètes aurait sans doute fait son petit effet. Ces phases intersidérales auraient aussi pu évoluer, avec pourquoi pas, des combats spatiaux (type Rebel Galaxy).

Concernant les missions secondaires, beau nombre d’entre elles sont très intéressantes. Surtout lorsqu’il s’agit d’un signal de détresse, d’un sauvetage dans une base ennemie ou d’une épave à explorer, sur terre ou à la dérive dans l’espace. D’autres sont effectivement ennuyeuses, mais facilement identifiables en tant que telles. Il s’agira alors de se discipliner pour ne pas s’éparpiller dans des quêtes dites « Fed Ex ». En effet, lorsqu’il s’agit de scanner ou de récupérer un certain nombre d’éléments (souvent compris entre 5 et 10) tels que balises, drones, plantes, minéraux, cadavres ou autres… Disséminés aux quatre coins d’une map : Il peut être judicieux de passer son chemin. D’autres quêtes multiplient les allers-retours incessants, pour un résultat sans grand intérêt. Tentez d’éviter les petits caprices ou états d’âme de certains PNJ autochtones. D’autant que parallèlement à la trame principale, il y a largement de quoi faire entre les quêtes propres à chaque planète et celles de nos alliés.

III. LEVEL DESIGN

Là où la première trilogie Mass Effect nous enfermait dans des niveaux couloirs, mises à part des sorties en Nomad ennuyeuses, Andromeda nous lâche en pleine nature, à la découverte de cinq grandes planètes en monde ouvert. Si certains réfractaires estimeront que cela dessert l’aspect narratif d’un titre, avis souvent légitime, d’autres plus tempérés, se laisseront volontiers tenter par l’exploration. Si le choix est discutable, force est de constater qu’ici cela fonctionne, et ce, dans un vrai souci de cohérence. Entendons par là que nous partons tout de même à la conquête de grands espaces pour y établir des colonies. Bioware a su néanmoins préserver ses missions cloisonnées à l’intérieur de bases ennemies et autres vaisseaux. Même si dans l’ensemble on passe quand même énormément de temps dans ces grandes zones ouvertes. Un juste milieu aurait pu être trouvé afin d’équilibrer la balance action / exploration, avec notamment un peu moins d’allers-retours. Un bon compromis tout de même, justifié et logique dans sa démarche évolutive.

Le but étant, une fois encore, de s’adapter à ce nouvel environnement, de l’apprivoiser, tout en se responsabilisant dans la sélection des tâches à y accomplir. En prenant soin d’éviter les missions ne présentant pas grand intérêt. Il est judicieux de garder en tête ses propres objectifs, bien que nombreux, d’optimiser son approche, pour mieux s’approprier cette grande aventure. Cette dernière vous délivrera une satisfaction certaine, celle d’être aux commandes d’un destin de meneur. Véritable héros, et légende en devenir…

IV. CONCLUSION

Mass Effect Andromeda est une grande et sublime aventure, au dénouement épique. On ne saurait passer à côté d’une telle œuvre sci-fi. Il appartient à tout un chacun de ne pas trop s’y égarer, au risque de complètement décrocher. Si l’exercice demande une certaine autodiscipline, le jeu en vaut clairement la chandelle. On ne peut que s’incliner face au travail abattu par BiowareME Andromeda est si riche, si fourni, qu’on a parfois le sentiment qu’on en verra jamais le bout. Et ce n’est réellement qu’au bout d’une trentaine d’heures, que l’on commence à mesurer l’ampleur de la tâche. Vous voyez le topo… En travaillant plus l’aspect narratif, en réduisant le nombre d’allers-retours de certaines quêtes et les petits soucis techniques, le titre de Bioware aurait pu prétendre au rang de véritable chef d’œuvre. Le studio ayant toujours été à l’écoute de sa communauté, nul doute que ses équipes travailleront d’arrache-pied pour nous offrir une suite digne de ce nom. ME Andromeda reste un très grand jeu. Beau, long et généreux, quoiqu’on en dise…