Test : Inside

Test : Inside

2017-03-31 0 Par AL-X5

Inside est un jeu d’aventure / réflexion développé et édité par le studio indépendant danois Playdead, basé à Copenhague. Studio à l’origine du célèbre Limbo. Inside est disponible sur PS4, XOne et PC en version numérique depuis juin 2016.

Dès la première seconde, Inside se veut atypique et marquant. Passé un temps de chargement, un obscur décor de forêt apparaît en guise de menu. Une fois la partie lancée, les indications disparaissent pour laisser place à un petit garçon qui se laisse tomber dans ce fameux décor. Le jeu est en fait préchargé avec le menu. Une entrée en matière simple et efficace, qui fait qu’Inside nous injecte instantanément dans son univers sombre et inquiétant.

La direction artistique grandiose alliée à une technique sans faille font que l’on reste littéralement ébahi par ce que l’on voit à l’écran. Les décors épurés, voire même un peu vides, nous poussent à nous demander pourquoi Inside nous fait un tel effet. Et on se rend vite compte qu’il s’agit d’un tout. Un Tout tellement maîtrisé, jusque dans les moindres détails, qu’il nous captive sur le champ. Essayons tout de même de retrouver nos esprits, le temps d’analyser ce qui se passe vraiment.

Le traité graphique en cell-shading est hyper « propre » : Pas la moindre trace d’aliasing, de clipping ou de texture floue. La réalisation fait preuve d’une finesse redoutable, et ce, à tous niveaux.

Avec de belles nuances de dégradés et des teintes appropriées. Des animations raffinées, n’ayons pas peur des mots, en plus d’être réalistes et ultra fluides. Des bruitages crédibles et croustillants, des musiques contextuelles qui viennent discrètement souligner l’aspect dramatique de certaines situations. Des éclairages magnifiques, des effets d’eau, de pluie ou volumétriques à tomber à la renverse. Mention toute particulière aux séquences sous-marine, avec des poissons aux réactions bluffantes, de toutes petites bulles de-ci de-là, et des impuretés en suspension… C’est fin et délicat, on ne peut qu’applaudir le talent et le savoir faire du studio Playdead.

L’univers d’Inside, très sombre, puise allègrement ses inspirations du côté de 1984 de Georges Orwell ou Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley. Ajoutez-y une fine pincée de Shoah, un soupçon de pandémie et une franche cuillerée de science-fiction et vous obtenez la recette saveur Inside.

Le traité naïf et mignon du petit garçon que nous incarnons entre en choc frontal avec le côté « traque », chasse à l’homme du titre. Faisant même parfois preuve d’une extrême violence lorsque notre cavalcade prend fin. Le scrolling horizontal nous pousse à la fuite en avant, jusqu’à ce que de petites énigmes viennent freiner notre élan. Énigmes simples, tellement simples d’ailleurs qu’on aurait presque tendance à se compliquer la tâche avant que l’évidence ne nous saute aux yeux. Une mécanique qui est finalement un gage d’efficacité en terme de réflexion, et qui a fait ses preuves, pour peu que la subtilité s’immisce dans son élaboration. Et c’est assurément le cas ici.

Face à un tel déluge de superlatifs, et bien que chacun d’entre eux soit consciencieusement pesé, tout n’est pas parfait dans ce sublime monde de désolation. A commencer par la durée de vie rachitique du titre. Comptez environ quatre heures pour en venir à bout en prenant votre temps.

Vous vivrez, cependant, un dernier segment de jeu tout simplement brillant et inattendu. Mais au dénouement malheureusement abrupt, laissant beaucoup d’interrogations en suspens. Libre à vous alors d’élaborer vos propres théories, et c’est peut-être aussi ça la force d’Inside : Nous placer dans un contexte complexe, sans en divulguer les tenants et aboutissants. A grands renforts de silence, d’absence de dialogues et de cinématiques. Le gameplay se veut lui aussi minimaliste, peut-être un peu trop, bien que maîtrisé et efficace. Disons qu’une durée de vie plus conséquente aurait pu lui permettre de s’épanouir pleinement. En nous proposant notamment des séquences d’infiltration un peu plus élaborées. Cela dit, le jeu se renouvelle continuellement, nous poussant toujours plus à la découverte, ne serait-ce que par curiosité.

Inside n’en demeure pas moins un très bon jeu, original et intelligent. Un « indé » à petit prix qui plus est, et pour quelques euros, l’expérience ne se refuse pas. Inside ressemble à un petit diamant pur, taillé d’une main de maître. Sa réalisation de haute volée vous laissera pantois, et son univers : dubitatif, face à ce monde dévasté par une pandémie agressive. Monde régit par une dictature scientifique, gardienne autoproclamée du fragile équilibre. Où l’humanité aliénée n’est plus qu’un amas de chair informe, et où les rescapés se font bourreaux de leurs propres frères.