Test : HITMAN

Test : HITMAN

2017-04-07 0 Par AL-X5

Sobrement intitulé Hitman, ce 6e épisode de la série est un jeu d’action / infiltration développé par IO Interactive et édité par Square Enix. Le jeu est sorti courant 2016 sur PS4, XOne et PC. Sortie épisodique en digitale dans un premier temps, puis en version « boîte » en fin de développement, regroupant l’ensemble des missions. IO Interactive est un studio danois, basé à Copenhague à qui l’on doit l’ensemble de la série Hitman. Mais aussi d’autres licences telles que Kane & Lynch, Mini Ninjas, ou encore le sympathique Freedom Fighters (2003).

• RÉALISATION

Le jeu est beau, parfois même très beau. Mais certains facteurs viennent contrarier ce constat enthousiaste. Certains PNJ sont trop simplistes, trop lisses, malgré des tenues vestimentaires plutôt réussies. Mais quand ils se retrouvent inconscients et dénudés, ils en deviennent presque risibles. Ressemblants plus à une poupée jetée au sol par un enfant capricieux. De petits problèmes techniques apparaissent aussi occasionnellement : contours parfois trop lumineux, ombres vibrantes, cheveux aliasés… Mais pas vraiment de quoi s’en offusquer.

Venons-en, par contre, au talon d’Achille de ce Hitman : Les animations trop rigides. On a l’impression de rétrograder de deux générations, et de se retrouver sur PS2 / Xbox. L’agent 47, droit dans ses bottes, a une démarche un peu trop mécanique, à défaut de paraître déterminée. Quand il s’agit de viser à une main, on a la sensation d’avoir un bras de Playmobil tout raide, c’est inconfortable au possible. Du coup, oui le jeu est beau, le rendu global est satisfaisant, mais l’ensemble paraît timide, sans âme ni personnalité. Là où le précédent opus, Hitman Absolution, s’affirmait pleinement, assumant son ambiance sombre et ses références « Tarantino / Rodriguez ». Il apportait, de surcroît, quelques nouveautés bien senties, alors qu’ici, l’agent 47 fait clairement un pas en arrière. Mais nous reviendrons sur ce point, car loin de vouloir lui faire souffrir à tout prix la comparaison, il est impossible de passer outre.

GAMEPLAY

Autre point qui fâche : Le gameplay se voit amputé d’une excellente nouveauté du précédent opus. À savoir : La jauge d’instinct. Dans Absolution, en croisant des ennemis susceptibles de nous démasquer, on pouvait dissimuler son visage un court instant, d’un revers de main ou en baissant sa casquette. À ce moment, la jauge d’instinct se consumait à toute vitesse. Ce qui apportait réalisme, tension et prise de risque à l’approche d’une zone sensible. L’aspect infiltration s’en trouvait décuplé, plus exigeant, car on tentait le diable en s’approchant au plus près de l’ennemi. Dorénavant, tant qu’on porte le déguisement conforme à la zone dans laquelle on se trouve, c’est en toute quiétude qu’on déambule un peu partout. Le but étant juste d’éviter ceux qui seraient à même de nous démasquer. Au lieu de flirter avec le danger, on se maintient à distance. De même, se mettre à courir ou se balader un marteau à la main n’éveille plus les soupçons.

Cette fameuse jauge d’instinct nous permettait aussi de cibler trois ou quatre ennemis d’affilée, avant de les abattre sans qu’aucun d’eux n’ait eu le temps de comprendre ce qui se passe. Après il fallait assumer ce choix : en plus d’épargner (ou non) un témoin innocent, mais susceptible de donner l’alerte, on se retrouvait avec de nombreux corps à dissimuler. Dans ce nouvel Hitman, l’instinct nous permet juste de distinguer indéfiniment les silhouettes à travers les murs et les points d’intérêt, et puis c’est tout. Dommage…

Une fois démasqué, il s’agit d’agir vite : Assommer rapidement l’individu ou fuir. Car entre la visée maladroite et la puissance de feu ennemi, vous mourrez assez souvent. Le jeu se veut réaliste à ce niveau-là, une rafale dans le buffet et c’est fini. Un point positif pour le coup, car le jeu est un peu trop facile, et ne dispose en outre, que d’un seul mode de difficulté. Il est heureusement possible de désactiver chaque aide ou option. Si la difficulté restera inchangée, l’approche, elle, devra se faire avec prudence, en vous poussant à tout découvrir par vous-même. Inconvénient : Cela peut aussi vous prendre un bon moment, en fonction de la taille du niveau et de votre façon de jouer. Avec le risque, bien sûr, de passer à côté d’une belle opportunité.

Puisque nous évoquions l’imprécision du système de tir, précisons que le maniement du fusil sniper n’est pas « sexy » pour deux sous. La visée à la lunette est basique au possible, on ne peut ni zoomer ni retenir son souffle, un comble… Heureusement, les fusils mitrailleurs sont plus convaincants.

Finissons sur une note plus positive : Les nombreuses possibilités de déguisements sont drôles et grisantes. Et parfois on se surprendra à faire n’importe quoi, juste pour le délire. Comme par exemple, se déguiser en curé avant d’assommer à grands coups de pelle tous les fidèles de la paroisse. L’autre point fort réside dans la multitude des possibilités d’assassinats. On s’amusera donc à tester l’option la plus spectaculaire, avant de tenter une approche plus fourbe. Le résultat à l’écran peut se révéler être aussi jouissif que décevant. Il faut voir de quelle manière ridicule notre agent brise le cou de sa proie. Optez plutôt pour une opportunité accidentelle, si tant est que vous puissiez être aux premières loges pour y assister. Ou carrément une méthode « à l’ancienne », comme un bon vieux lancer de couteau, toujours efficace et jubilatoire.

• LEVEL DESIGN

Les environnements sont l’autre point fort de ce Hitman. Lumineux, chics ou exotiques, relativement ouverts, il est très agréable d’en explorer les moindres recoins, où chaque opportunité létale est bonne à prendre. En trouvant de la mort aux rats dans une cave, par exemple, on s’empressera de remonter en cuisine afin d’y concocter un petit assaisonnement sauce 47. Il s’agira alors d’assommer le petit commis avant d’enfiler son tablier. En prenant bien garde au chef, qui lui, connaît sa brigade, et d’attendre le moment opportun pour agir.

S’il est possible de boucler la trame principale d’Hitman en une bonne douzaine d’heures, le jeu ne comportant que 7 environnements à proprement parler, en incluant la mission d’initiation… Les possibilités offertes sont très nombreuses. Et c’est avec plaisir qu’on y reviendra, afin de se lancer de nouveaux défis. Entre la modification des paramètres de mission, les cibles éphémères à abattre avant qu’elles ne quittent les lieux, les assassinats secondaires à remplir avec un déguisement et une méthode imposés, les missions bonus, ou tout simplement de s’essayer à toutes les approches possibles… Il y a vraiment de quoi se faire plaisir, quitte à y revenir plus tard. Si Hitman aurait pu proposer deux ou trois « réelles » missions supplémentaires, son contenu n’en demeure pas moins généreux. Avec 3 missions bonus à télécharger en guise de « café gourmand ».

CONCLUSION

Débarrassé de la tension palpable d’un Hitman Absolution, sombre et exigeant, voici donc un Hitman abordable et lumineux. En se voulant accessible au plus grand nombre, le titre prend le risque de décevoir certains adeptes de l’infiltration à la dure. Hitman en devient même un jeu relaxant, calme et dépaysant. Ce n’est pas un mal en soi, l’expérience reste très agréable, elle est juste différente. Tout dépend de votre positionnement personnel. Si les nouveautés du précédent opus avaient été conservées, et les animations dignes de cette génération, ce nouvel Hitman aurait pu être une pure merveille. Il n’en demeure pas moins un très bon jeu, avec un potentiel de divertissement et de rejouabilité imparable.

Gif animé d’en-tête : dianaburnwood.tumblr.com