Rétrospective : CONDEMNED I & II

Rétrospective : CONDEMNED I & II

2017-02-10 0 Par AL-X5

Condemned Criminal Origins (sorti en 2005 sur X360 et PC) & Condemned 2 Bloodshot (sorti en 2008 sur X360 et PS3), sont des jeux d’action / enquête / survival horror, en vue subjective. Édités par Sega et développés par le studio américain Monolith Productions, à qui l’on doit, pour ceux qui s’en souviennent, le fameux No One Lives Forever, F.E.A.R. I & II, ou plus récemment L’Ombre du Mordor.

Suite au test d’Outlast, l’envie s’est faite sentir de replonger dans de la vue subjective horrifique. Pas de Resident Evil VII au menu, mais une petite rétrospective des deux épisodes de Condemned. À savoir Condemned Criminal Origins et Condemned 2 Bloodshot. Jeux d’ambiance avant tout, dans un univers cradingue et délabré, peuplé de clodos, toxicos, et autres créatures de la nuit. Habile mélange des genres, avec de l’action et de l’exploration, à la croisée du thriller lugubre et du polar schizophrénique.

On y incarne Ethan Thomas, un agent du FBI sur les traces d’un serial killer. Ce dernier prend un plaisir sadique à mettre en scène ses crimes, et à se jouer des autorités. Si dans le premier opus notre agent a tout du gars lambda, dans le second on le retrouve en brute épaisse, alcoolique et aliéné. Traumatisé, pour ne pas dire hanté, par sa précédente affaire. Teint blafard, cheveux gras et humeur agressive, pas de doute, le pauvre bougre y a laissé sa santé mentale.

Difficile de définir Condemned tant ce jeu est éclectique pour l’époque (2005). Ce n’est ni un FPS, ni un jeu d’aventure, et pas non plus un simple jeu d’action. Alternant phases d’exploration, d’enquête et d’action.

– Exploration dans le noir à la lampe torche : Angoissante à souhait dans le premier épisode, où on se prend à flipper tout seul en trébuchant sur une bouteille ou un seau (bruitages au top). Le faisceau de la lampe étant assez restreint, on progresse pas à pas, scrutant chaque recoins d’une pièce avant de s’y engager.

– Enquête sur des scènes de crimes, durant lesquelles on doit collecter preuves et indices, à l’aide d’un attirail scientifique dernier cri : Lampes UV ou infrarouge pour déceler empreintes, résidus, fibres, traces de sang, et autres fluides. Spectromètre afin d’évaluer la composition chimique d’un élément, la présence d’un gaz ou d’un ultrason. Ajoutez à cela la possibilité de prendre un cliché 3D ou de transmettre vos données en temps réel au labo. Sans oublier les classiques appareil photo et téléphone cellulaire.

– Action, avec des bastons bien brutales. Ça cogne sévère, à mains nues, à coup de taser et avec tout ce qui vous tombe sous la main : Barre de fer, planche cloutée, tuyau, pelle etc… Sachant que les armes se cassent au bout d’un moment. Ou avec des phases FPS, quand on a la chance de tomber sur une arme à feu. Les munitions sont rares, donnant un sens survival au titre. Détail sympa, pour savoir combien de munitions il vous reste, notre héros retire le chargeur, regarde les balles à l’intérieur et leur nombre s’affiche un court instant à l’écran. Le jeu se veut réaliste dans son gameplay, on n’abat pas un ennemi tel un soldat d’élite, la main est parfois hésitante, et quand on cogne, on mange aussi. C’est cru, c’est dur, avec des « finish » au coup de boule ou de godasse dans les dents.

Condemned fourmille de détails réjouissants, on sent que l’équipe de Monolith s’est creusée la tête pour nous offrir une expérience viscérale et grisante. Avec des animations surprenantes, des attitudes imprévisibles pour une IA au top. Les mecs courent se planquer, vous plongent dans le noir en arrachant une gaine électrique (qui leur servira d’arme), tentent de vous prendre à revers, vous balancent leur pied de biche à la figure, vous gratifiant au passage d’un bon gros « Fuck you ! ». Un vrai régal… Notons au passage le doublage anglais de grande qualité, avec des voix bien viriles et des répliques ordurières à souhait. Les bruitages ne sont pas en reste, avec des effets réalistes de grande qualité, mention spéciale pour les objets tombant au sol.

On traverse des lieux glauques et insalubres, on entend courir à l’étage ou derrière soi. Les mecs déboulent de nulle part, quitte à traverser une cloison à la hache. L’insécurité est permanente et l’ambiance vraiment immersive. Graphiquement, le rendu global est beau, réaliste, mais il ne faut pas se coller devant un mur. Techniquement on notera beaucoup de textures floues, on connait tous ces fameux murs de brique « plastifiés ».

• Condemned Criminal Origins : Le début du jeu évoque immanquablement Seven de David Fincher. On s’engouffre dans un immeuble à l’abandon, accompagné de notre supérieur, croisant deux trois flics en uniforme jusqu’à une scène de crime, qu’il faudra passer au peigne fin. L’atmosphère est pesante, lugubre, parfaitement maîtrisée. S’ensuit une phase d’exploration arme à la main, lorsque l’équipe réalise que le tueur se trouve toujours dans l’enceinte du bâtiment. C’est à ce moment précis que Condemned s’enclenche pour de bon, et le trouillomètre aussi par la même occasion. On progresse la peur au ventre, en comprenant que le tueur se joue de nous, qu’il voulait qu’on se trouve ici, là maintenant, et qu’il n’est peut-être pas tout seul…

Les particularités de ce premier Condemned sont cette appréhension savamment distillée, il en découle une progression relativement lente. Lors des bastons, les développeurs ont eu la bonne idée d’intégrer quatre « finish moves », s’exécutant à la croix directionnelle. Les environnements sont un peu répétitifs, essentiellement à l’abandon et urbains, mais pas que. Et ce premier opus possède une véritable dimension d’exploration, d’ambiance flippante, moins prononcée dans le second.

• Condemned 2 Bloodshot : Nous retrouvons donc notre héros au fond du trou, à la limite de la psychose, traînant avec les clodos du coin. Ethan est clairement alcoolique, il aura d’ailleurs une fâcheuse tendance à finir tous les fonds de bouteilles qui jonchent l’aventure. Une excellente idée qui sert le gameplay puisque sans sa dose de gnôle, sa main tremble en visant.

Ce second épisode s’oriente plus vers l’action au détriment de la peur. On appréhende moins d’avancer, et on se rue sur le premier venu pour lui éclater la tronche. Cette nouvelle approche est finalement bien amenée, vu le tempérament irritable de notre héros. Le système de combat a été repensé, étoffé, avec des combos et des QTE à la place des quatre « finish moves » (dommage diront certains). Mais on peut aussi traîner un ennemi pour le finir à un endroit bien précis, indiqué « in game » par une icône.

Les environnements sont plus variés, plus crados, et on devine aisément l’odeur rance émanant de certains lieux. Si le jeu démarre dans l’esprit urbain du premier, on traversera par la suite : fabrique de poupées, musée, navire, théâtre, refuge de montagne, etc… Avec une mention spéciale pour ce dernier, qui vient « casser » un peu le rythme, avec une ou deux séquences mémorables, un level design très réussi, et son ambiance unique, rappelant fortement F.E.A.R. d’ailleurs… Mais pour notre plus grand plaisir. En revanche, petit bémol concernant le dernier niveau qui est franchement raté, et trop différent du reste du jeu.

Vous l’aurez compris, ces deux opus de Condemned valent clairement le coup, surtout aux prix où vous les trouverez actuellement. Si vous possédez une 360, ne manquez surtout pas cette exclusivité console qu’est le premier Condemned. Il reste encore aujourd’hui, un petit bijou horrifique qui a très bien vieilli. Le second, plus dispensable, reste tout de même un très bon jeu au vu du rapport qualité / prix.

À quand un Condemned 3 ?

Trailer Condemned I :

Trailer Condemned II :