Rétro-gaming : un sujet d’actu

Rétro-gaming : un sujet d’actu

2017-02-01 0 Par Phill

Marotte pour certain nostalgiques, véritable passion pour d’autres, fer de lance pour les haters des jeux « next gen », adeptes du « c’était mieux avant », business pour beaucoup de vénaux profiteurs, voilà tout ce que m’évoque ce terme de Rétro-gaming.

Peut-on définir ce qu’est le rétro-gaming ? Eh bien c’est assez dur car c’est quelque-chose de subjectif. Pour beaucoup de « rétro-gamers », la frontière entre jeux rétro et jeux actuels est sujette à certaines controverses. On peut dire, sans trop se mouiller, que cela concerne toutes les consoles et micro ordinateurs jusqu’au début des années 2000.

 

Quand je dis subjectif, c’est vraiment à chacun son rétro-gaming. Fan d’une marque plutôt que d’une autre, d’une certaine console ou de sa manette (qu’on a détruite pendant des heures), d’une époque de son enfance ou d’un personnage. Autant de raisons personnelles pour mettre le pied dedans, puis déborder sur ce qui nous faisait saliver plus petit mais que Papa-Maman n’ont pas voulu nous offrir. On commence par une console parce qu’on y jouait chez un ami, chez un cousin, parce qu’on l’a jetée, vendue ou ressortie du grenier. On achète les premiers jeux pour les mêmes raisons, et puis rapidement, ceux qui nous faisaient envie. On regarde des vidéos de gameplay sur Youtube, on se rend compte qu’il y a d’autres jeux de la même série ou similaires. Puis quand on a à peu près ce qu’on voulait sur une console on en reprend une autre, pour tel ou tel jeu, pour tester ou parce qu’elle nous faisait rêver. Et on est content d’y jouer même 15, 20, 30 ans après. On découvre des époques. On se dit que certains graphismes ont mal vieilli, d’autres mieux. On étoffe son expérience de joueur au fil des découvertes. Si notre vision a changé, ces consoles et leurs jeux sont restés les mêmes pendant toutes ces années. Il est parfois étonnant de voir que des bons jeux restent des bons jeux et d’autres perdent un peu avec le temps. Pourtant le code n’a pas bougé dans la cartouche.

 

« J’ai démarré le rétro-gaming en… » Combien de fois ai-je pu entendre ça sur Youtube ? Et à chaque fois ça me hérisse les poils. La fièvre de la collection, full set, accessoires, figurines, peluches, objets peu communs et chers. Avoir la pièce rare, à tout prix. Business qui profite beaucoup aux chineurs des brocantes se levant tôt le matin pour racheter à « bas prix » (le prix normal en fait) des articles revendus bien plus chers sur Le Bon Coin. On tente au passage d’en retirer quelques piécettes de plus que le voisin. Et on se retrouve avec des cotes totalement surévaluées. Cotes qui se reportent alors dans les magasins de vente cash. Ça oblige les bourses les plus modestes à jouer sur des émulateurs parfois bugués. Et puis tout est bon pour faire du business et ravir les fans : Pixels art, t-shirts, mugs, casquettes, porte-clefs, j’en passe tellement. Et nous en redemandons. Il y a également des bars qui ont ouvert sur ce thème. Essentiellement à Paris mais il ne serait pas étonnant que ça arrive progressivement dans nos provinces éloignées.

Mais nous n’avons parlé ici que de commerce, où se trouve le jeu ? Le gaming, qu’il soit rétro ou non, c’est avant tout le fait de jouer et non d’entasser. Quel collectionneur joue avec tous les jeux de son superbe full set en boite et sous blister ? Ce sont alors de très bons collectionneurs passionnés, mais à part celui de dénicher la bonne affaire, il n’y a pas beaucoup de jeu là-dedans.

 

Tiens, puisqu’on parle des émulateurs ! Le rétro-gaming a aussi apporté beaucoup aux bricoleurs et passionnés de tout poil. Grace à l’émulation on a vu fleurir des bartops, tables de jeux, émulateurs dans des boitiers de gameboy ou directement intégrés dans une manette. Des flopées de passionnés redoublent d’ingéniosité pour nous proposer, la plupart du temps gratuitement, des projets complets afin de recréer un objet original sans se ruiner. C’est plutôt sympa. Heureusement qu’il n’y a pas que des gens mercantiles.

 

Et quand les entreprises elles-mêmes se mettent au rétro, c’est la cohue. Réédition de vielles consoles comme La NES mini et megadrive mini. Vente dématérialisée d’anciens jeux sur les eShops. Vente de thème pour sa console. Tout est bon pour nous resservir la soupe. Je ne suis pas mécontent sur le principe mais sur la forme. Ça y est là, ces jeux sont rentabilisés, ils sont obligés de nous les resservir à ces prix là ? Si ça marche, ils auraient tort de se priver. Alors, je suis d’accord pour dire que, dans l’absolu, ce n’est pas cher… C’est vrai, si on veut juste reprendre un ou deux de ses vieux jeux. Mais vous imaginez vouloir un peu tout tester ?

 

J’ai pu remarquer une chose intéressante : au fur et à mesure que les jeux rétro sont portés sur des consoles de nouvelles générations, la cote de nombreux jeux a baissé. Ainsi il semblerait que le jeu dématérialisé fasse une vraie concurrence aux jeux d’occasion. Au bout d’un moment, le prix trop élevé à payer pour avoir le jeu sur son hardware d’origine décourage et semble pousser les gens à prendre la voie de l’émulation, pour les plus débrouillards, ou du jeu dématérialisé pour les autres.

 

Tous les ans, nos consoles vieillissent. Comme nous. Le rétro-gaming est donc avant tout l’engouement pour des consoles que nous avons connu petit et en grandissant. Peu sortent des sentiers qu’ils ont connu. A chacun son rétro-gaming car c’est à chacun son parcours. Pour certain ça s’arrête à la Gamecube et la PS2, d’autres ne dépassent pas les 16 bits. Mais tous ont la même passion pour ces jeux qui ont animé leur enfance. Sans comprendre pourquoi, ils mettent un point d’honneur à entrer en désaccord avec celui qui ne partage pas leur vision. Les gens qui partagent notre vision du rétro-gaming sont simplement les gens de notre âge, qui ont connu ces jeux à l’époque de leur sortie, qui ont vu les pubs et en ont parlé à la récréation, qui se sont passé les cartouches et les CD, qui se sont donné les astuces, etc. Mais les gens qui partagent notre passion du rétro-gaming sont tous les joueurs attachés à leur bonnes vieilles consoles, quelles qu’elles soient, qu’ils y jouent encore ou qu’ils l’aient juste pour se souvenir de leur enfance, ils partagent le même sentiment d’attachement, à un degré plus ou moins élevé ! Souvenez-vous que si vous n’avez pas la même console, vous avez la même passion !